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L’entreprise genevoise ACM, leader mondial du courtage en ligne de devises, profite de l’effondrement des marchés financiers. Son directeur, Nicolas Bang, nous explique pourquoi et comment.

Lors des crises financières, puis économiques, les gagnants sont toujours les mêmes. « De tels contextes renforcent en effet les réflexes de retour sur les besoins primaires, à savoir la santé et l’alimentation. Les secteurs de la pharmacie et des produits de consommation non durables s’en sortent donc souvent bien », indique l’expert financier genevois Serge Ledermann.
Contrairement aux idées reçues, les producteurs de matières premières pendent en revanche rapidement leurs capacités. A générer des profits importants. « Depuis le début de l’été, les cours du baril de pétrole sont ainsi passés de 150 à 80 dollars », rappelle Serge Ledermann.

De façon plus générale, lorsque les banques accordent si difficilement du crédit, les entreprises peu endettées, dotées de bilans solides, tendent à prendre de l’avance sur leurs concurrents. Les seuls gagnants ne sont donc pas les producteurs et les marchands de métaux précieux. L’entreprise genevoise ACM (Advanced Currency Markets), le leader mondial du courtage en ligne de devises, a même réussi un record le mois dernier : ses clients lui ont commandé des transactions portant sur 150 milliards de dollars (environ 187,5 milliards de francs). Porté par la performance, la société prévoit de s’engager des l’an prochain sur un marché bancaire pourtant tellement incertain aujourd’hui. Entretien avec son directeur, Nicolas Bang.

De quelle manière votre maison peut-elle profiter de la crise financière actuelle?

Le marché des changes n’est pas vraiment corrélé avec celui des actions. Le premier n’obéit pas à des objectifs orientés sur le long terme. II garde un caractère spéculatif. Il s’agit en effet d’un vrai marché de traders. Il permet d’entrer, de sortir ou de modifier ses positions en tout temps et avec un niveau de liquidités exceptionnel. Dans la situation actuelle, alors que les gains sont devenus quasiment impossibles sur les marches des actions, de plus en plus d’opérateurs se tournent sur celui des changes.

Ne souffrez-vous pas du tout du credit crunch (paralysie du marché du crédit, notamment interbancaire)?

ACM travaille bien sûr avec les banques, mais, à ce jour, nous n’avons jamais été gênés par nos partenaires en liquidités. Notre plate-forme de trading travaille d’ailleurs avec un grand nombre de fournisseurs de liquidités. II s’agit des plus grandes banques du monde : leurs unités de e-commerce se trouvent le plus souvent à Londres. Comme nous leur envoyons de très importants volumes de transactions, nous bénéficions en plus de conditions préférentielles fort intéressantes.

Dans le contexte actuel, avez-vous observe une évolution des besoins de vos clients ?

Non, nous n’avons pas constaté de changement significatif. Nos clients tiennent d’ailleurs avant tout à ce que nous maintenions nos conditions. Certains de nos concurrents se montrent enclins profiter de la crise en augmentant leurs marges, donc à changer les tarifs d’exécution des transactions sollicitées par leurs clients.

Les profils de vos clients restent-ils eux aussi identiques ?

Nos services demeurent en priorité destinés à des clients « retail », c’est-à-dire non institutionnels et de petite dimension. Nous recevons ainsi souvent des ordres de personnes bien qualifiées et bien rémunérées. Ou de petites et moyennes entreprises cherchant à se protéger d’éventuels risques de change. Nous mettons aussi notre propre plate-forme de courtage à disposition des banques. Nombre d’entre elles ont certes d’autres soucis actuellement. Nous pourrions toutefois intéresser davantage de petits et moyens établissements.

Face à la crise, les banques centrales agissent de façon très concertée. Cette tendance ne favorise-t-elle pas une forte stabilité sur le marché des changes, plutôt nuisible à votre activité ?

Nullement ! Cette concertation croissante s’avère certes incontestable, mais elle ne diminue en rien l’intense volatilité des cours. Et la volatilité favorise précisément nos opérations sur le marché des devises, alors qu’elle dissuade celles sur les marchés des actions.

Tout va si bien chez ACM, ne prévoyez-vous pas, Nick Bang, de célébrer incessamment un IPO (Initial Public Offering ou introduction en bourse) ?

Notre entreprise se porte en effet fort bien, mais ses responsables ne sont pas téméraires. La santé d’une entreprise n’est pas la seule condition à remplir pour réussir un bon IPO. II faut en effet choisir aussi le moment le plus favorable, compte tenu du moral des investisseurs.

Vu votre succès, ne tenterez-vous pas de conquérir de nouveaux profils de clients ?

Nous devrions obtenir une licence bancaire suisse d’ici juin prochain. Notre offre s’étendra donc au-delà du change, mais notre spécialité restera l’exécution en ligne.